TERRITORIALES : Trois petits tours et puis après ?
La chasse aux porteurs de voix a été rude, mais dans l’ensemble, les trois grosses écuries présentent une bonne puissance de frappe électoraliste.
Quelles que soient les configurations à venir, au lendemain du troisième tour, la seule question de fond qui se posera sera le dosage de libéralisme insulaire pouvant être distillé dans le cadre des institutions de la République Française, à la lettre.
On trouve bien quelques mesures de bon sens proposées dans des programmes ici et là, mais ces mesures seront limitées de facto par le modèle capitaliste datant des années 80 encore porté en 2021 par le Consortium et la pègre. Le peuple corse aura donc encore à subir plus ou moins d’actions de prédation, accompagnées de quelques projets de régulation sociale.
C’est à croire que la Corse serait dans une sorte de bulle spatio-temporelle, vaquant à ses affaires lucratives pour une minorité au détriment de la majorité, sans être concernée par la marche du monde.
La lame de fond qui attend l’Humanité n’est sérieusement anticipée, ni ici, ni ailleurs. La capacité d’action et de survie de l’ensemble des peuples sur Terre dépend d’une limite planétaire reposant sur un équilibre complexe de la biosphère, qui lui-même repose sur onze facteurs indissociables et sur des seuils vitaux à ne pas dépasser.
Aujourd’hui, quatre limites sur onze ont été franchies. Cela se traduit par une accélération du réchauffement climatique, une atteinte grave et irréversible à la biodiversité et une perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore. Le prochain seuil qui sera franchi concernera l’accès à l’eau douce et/ou potable.
Et pourtant, les néolibéraux continuent à imposer des modèles de croissance et de consommation de ressources dans un monde surexploité où les humains vivent à crédit sur le dos des générations futures.
Celles et ceux qui, par cynisme, déni ou inconscience, pensent que le peuple corse, en tant que communauté actrice de son histoire, peut survivre au capitalisme, se trompent lourdement. La marchandisation à outrance de la Terre et des Hommes, débouche tous les jours un peu plus sur notre intégration en tant que produits folkloriques sur le marché, mais d’autres questions se posent.
La prochaine génération est en passe de voir s’accroitre les tensions mondiales et la Méditerranée surchauffer, au sens propre comme au sens figuré. Dans un contexte de logique de dépendance imposée par le Consortium (nous importons plus de 90% des biens de consommation vitaux), les premiers défauts d’approvisionnement structurels vont avoir un impact majeur en Corse. La simple gestion des réserves hydriques ne suffira pas pour garantir une préservation des sols et des cultures vivrières dans notre île dans un futur proche.
Il n’y a pas de fatalité, car des ressources en Ingénierie existent, mais si les menaces qui pèsent sur le cadre de vie des Corses ne sont pas anticipées dès maintenant, le bilan humain sera lourd. La génération qui va rentrer dans l’âge adulte est en droit d’attendre un débat public à la hauteur des enjeux. C’est loin d’être le cas dans cet épisode de mercato électoraliste. Celles et ceux qui seront dans la force de l’âge en 2050 contempleront la Corse telle qu’elle se fabrique aujourd’hui.
A Manca ne voit pas dans le cadre de ces territoriales de projet de société à la hauteur des enjeux à venir et ne donne donc aucune consigne de vote. L’espoir réside dans notre capacité à nous mobiliser collectivement pour sortir de ce système mortifère.
A Manca